LE 5 AOUT 1914

Aujourd'hui, de nombreux combats vont avoir lieu en avant de Herstal. Pour bien comprendre la situation de ce 5 août, visualisez les cartes 1 et 2. Nous allons donc relater les combats de Liéry.
0430 H: les Allemands commencent à tirer sur les forts de Liège. Mais le petit calibre employé ne fait pas beaucoup de dégâts. Par contre, les tirs belges causent de très importants dégâts dans les batteries allemandes.
0530 H: Un parlementaire se présente dans les lignes belges et est dirigé vers Leman à St-Léonard à son QG. Refus; il est reconduit. Durant ce temps le fort de Fléron pilonne l’avance de la 14e brigade.
1000 H: Première attaque à la baïonnette contre le fort de Barchon. Pontisse et Evegnée pilonnent les troupes allemandes. Les pertes sont sévères côté allemand.
1100 H: Après les premiers tirs d’artillerie belges, les cavaliers bivouaquèrent à Mouland et l’infanterie à Berneau tandis que les pionniers allemands construisaient un pont. Par 3 fois, le fort de Pontisse le détruisit grâce à ses observateurs. A la 4e fois en fin d’après-midi, ils passèrent sur la rive gauche, entrèrent dans Lixhe et les fantassins se dirigèrent vers leur théâtre d’opérations dans l’intervalle Meuse-Liers. Ils s'engagent sur la rive gauche, l'infanterie vers Liège dans l'intervalle Meuse-Liers, la cavalerie vers Tongeren.
1130 H: les derniers Allemands décrochent devant Barchon. Le bombardement allemand reprend et Barchon perd ses observateurs de Blegny et Cerexhe qui doivent retraiter.
1200 H: Le Général Victor Bertrand, commandant la 11e Brigade, contre-attaque dans les intervalles de Barchon et reprend Chefneux malgré les bombardements allemands sur le 14Li. Le 31Li marche sur Housse et le village de Barchon. Pendant 1 heure, ce seront des échanges de coups de feu entre la redoute et les Allemands avec des morts de part et d’autre. Grâce à cette contre-attaque, les hommes de Rabosée savent que l'ennemi approche.
En fin d'après-midi, l’observateur belge devant Lixhe doit battre en retraite, pourchassé par des patrouilles allemandes. Le fort de Pontisse doit à présent tirer à l’aveuglette. Il doit, de plus, répliquer aux mortiers de 210 installés sur la rive droite de la Meuse. Jusqu’à 16h, un taube (avion allemand) règle le tir des artilleurs en survolant Pontisse. Le fort d’Evegnée, pilonné des heures durant par des mortiers de 210 voit ses deux pièces de gauche neutralisées. Deux bataillons du 32e de ligne nettoient les abords du fort et s’installent sur la route militaire dans l’axe Evegnée - Barchon.
Les escarmouches se poursuivront jusqu'à la tombée de la nuit. Voyant toutes les brigades arrêtées et mises en déroute par la résistance belge, les six brigades de l’armée de la Meuse sont rassemblées à distance d’attaque, à Hermée (34e), Argenteau (27e), Micheroux (14e), Saint-Hadelin (11e), au sud de Boncelles (38e) et vers Plainevaux (43e). A 22h, elles commencent une attaque concentrique.
La carte vous indique les objectifs que se sont fixés les Allemands. Suivant Ludendorff, en sa qualité d’Officier Opérations au Grand Etat-Major Impérial, qui a établi le plan de la bataille de Liège,
« la ville doit être prise en 48 H ».
A 22 heures 00, c'est la 14e Brigade du General von Wüssow qui démarre suivi par les autres Brigades. Déjà les Allemands s’entretuent, paniqués. Les esprits calmés, von Wüssow se met à la tête de sa brigade et se dirige vers le carrefour de Liery. Se trouvent à cet endroit 2 pièces de 75 du Lieutenant Damry tapies dans le noir. « 3 tirs rapides: feu ». Von Wüssow et Krüger, son adjoint, sont tués de même que de nombreux Allemands. Les survivants fuyent dans les champs.
Entre en scène le "fameux" Generalquartiermeister de la 2e Armée Erich von Ludendorff, se trouvant par hasard à la 14e Brigade. Il prend les choses en main. Il tente d’abord de passer le carrefour par la droite. Mais il arrive en plein dans la redoute 25 du Commandant Jean Simonis, un seigneur de la guerre à l’image de Collyns et du Colonel AEM Alphonse Jacques, commandant le 12Li.
Simonis commande la redoute 25 avec la 3e Compagnie du 3e Bataillon du 14e de Ligne et la 3e Compagnie du 3e Bataillon du 34e de Ligne (les rappelés). En grand garde, se trouve la 2e Compagnie du 3e Bataillon du 34e de Ligne. Il ouvre le feu et crée, de nouveau, d'énormes brèches dans les rangs allemands. Il se sauvent dans le hameau de Surfossé. Seul moyen pour les Belges de s’échapper de l’encerclement: se diriger dans la nuit vers le fort d’Evegnée distant de quelques centaines de mètres. Simonis pose la question au Capitaine Jules Bocart et au Lieutenant Houssa (ses commandants de compagnie) qui refusent et veulent résister sur place.  «Si on nous a mis dans une redoute, ce n’est pas pour en sortir lorsque nous sommes attaqués», s’écrie le vaillant capitaine Bocart. Problème: ils ont 120 cartouches, c’est beaucoup trop peu. Les piottes aperçoivent des mouvements suspects. C’est un bataillon du 165 RI qui mène une attaque de front. Les Belges ouvrent le feu. A gauche, les 2 pièces du Lieutenant Damry ripostent au feu allemand. 4 canons arrivent sur place et comment à tirer. Les Belges sont acculés à leur défense. Ils vont se battre à la baïonnette.
Les canons allemands cessent leur tir croyant la position détruite. Mais les Belges sont toujours là et abattent les assaillants. Hélas, certains piottes n’ont plus de cartouches. Canons, mitrailleuses et fusils dirigent leurs tirs sur la redoute. Mais une félonie va avoir raison de nos héros.
Un parlementaire avance. Il demande la reddition. Simonis se dirige vers l’officier allemand. « Donnant-donnant: vous gagnez la position et vous me laissez partir avec mes hommes.» Des palabres s’engagent mais les Allemands acceptent de cesser le feu durant 15 minutes. 6 minutes après leur départ, des mitrailleuses entrent en action et tuent de nombreux soldats dont Bocart; Simonis voient ses hommes entourés d’Allemands. Ils sont prisonniers.
Au sujet des forts, Evegnée et Barchon sont sous le feu des obusiers de 210 dès le 5 août. Rappelons que les 210 allemands sont du type 1914, c’est-à-dire qu’ils ont une force de 540 Tonnes/mètre tandis que les 210 belges sont du type 1887 et ont une force de 240 T/m.
Dans les autres secteurs belges, le Corps de Cavalerie SORDET fort de 3 divisions de Cavalerie entre en Belgique comme prévu par les accords franco-belges. Il se trouve à Sedan et doit se porter dans les Ardennes vers Neufchâteau et participera à ce que l'on a appelé la "Batailles des Frontières".

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