LA BATAILLE DE BONCELLES - 5-6 AOUT 1914

Avant de continuer, je rappelle les objectifs de l'attaque générale des brigades en vue de prendre Liège (carte).
Le fort de Boncelles est sur la route des 38e et 43e brigades allemandes avec la 9e division de cavalerie. La carte précédente vous indique les positions. Ne figure pas sur cette carte les positions du 4e escadron du 2e Régiment de Lanciers.
Le 4 août, LEMAN reçoit la confirmation du renfort de la 15e Brigade de la 4e Division d'Armée de Namur. La Brigade est commandé par le Général-Major MASSART. Dans cette brigade, le 1er Régiment de Chasseurs à Pied du Colonel Joseph JACQUET quitte sa garnison de Charleroi et se rend à Huy afin de faire barrage sur la Meuse à Engis et Hermalle s/Huy. Devant l'avance de l'ennemi, la brigade doit, sur ordre, se rendre à Liège où elle arrive le 5 à la Gare du Londgoz en fin d'après-midi. Ils sont affectés tout d’abord à la route Jupille-Bellaire (en réserve de la 11e brigade) mais rapidement font route vers Fragnée où ils cantonnent vers 2200 H.
Le 1 Ch a la particularité de posséder en son sein le plus vieux volontaire de guerre. Il s'agit de Barthélemy MERX plus connu sous le surnon de "Papa Merx". Il a 65 ans lorsqu'il s'engage. A ses côtés, l'aumônier du 1 Ch, le Padre de Groote. Leur parcours est très étonnant, ce qui n'est rien de le dire.
0000 H: Alerte, les Allemands, arrêtés à l’Est, tentent un coup par le sud avec les 38e et 43e Brigade. L’objectif est de pénétrer dans Liège par les deux rives de la Meuse, en passant de part et d’autre du fort de Boncelles, vers le pont de chemin de fer à l’ouest d’Angleur et les hauteurs à l’ouest de la gare des Guillemins. L’intervalle Ourthe-Meuse est tenu par les 9e et 14e de Ligne.
A Boncelles et dans les bois du Sart-Tilman, ont lieu des accrochages. Les 73e, 74e, 83e et 84e régiments allemands s’avancent dans l’ordre. L’avant-garde se heurte à trois redoutes belges. Les tirs belges, dont ceux du fort d’Embourg, atteignent les régiments qui suivent l’avant-garde. Les fantassins allemands des 73e et 74e régiments tirent sur leur propre avant-garde, ce qui provoque la panique. Le General von Hülsen est blessé, probablement par un de ses hommes.
La 15e brigade mixte, qui arrive de Huy, reçoit l’ordre du Général Leman de tenir le secteur du Sart-Tilman et l’intervalle Boncelles - Meuse. Toute la nuit, un âpre combat oppose Belges et Allemands dans la clairière du Sart-Tilman.
Les chasseurs doivent monter à l’assaut du Sart-Tilman par Angleur dans un orage terrible. Le 1er Régiment de Chasseurs à Pied escalade le Sart-Tilman, le 1Bn en tête. Ils vont être héroïques. Ils entrent dans la bataille et contiennent les Allemands. Mais la bataille fait rage et les pertes augmentent. Finalement les 4 bataillons du régiment sont engagés. Les positions seront prises et reprises plusieurs fois. Mais ils tiendront. C’est, pied à pied et maison par maison, que les piottes vont déloger les Allemands et les faire reculer.
0445 heures: les redoutes 1, 2 et 3 de la clairière du Sart-Tilman sont reprises par les Belges grâce à un soutien d’artillerie.
Le fort de Boncelles reçoit un tir nourri à revers, dirigé contre la gorge de l’ouvrage. Trois fois, des vagues d’assaut allemandes sont repoussées. Privés de leurs officiers, une centaine d’Allemands agitent le drapeau blanc, sont fait prisonniers, et sont amenés à l’intérieur du fort.
Les deuxième et troisième bataillons du 1er chasseurs à Pied attaquent un groupe d’Allemands occupant encore le bois de Chatqueue au nord du fort de Boncelles. Les Allemands doivent reculer et le prince Frédéric de Lippe est tué.
0500 Heures: le 3e Bataillon, drapeau, mitrailleuses, artillerie de la 15e brigade en tête, débouche du Bois St-Laurent et commencent l’attaque des tranchées abandonnées. Les Belges parviennent à reprendre la lisière ouest de la clairière de Sart-Tilman puis se dirigent vers la redoute 5, mais ils sont pris en enfilade par des mitrailleuses allemandes.
0615 heures: les 2e et 3e Bataillon de Chasseurs à Pied vont encore attaquer un groupe d’Allemands réfugiés dans le bois de la Chatqueue et les obligent à reculer. Le Prince allemand Frédéric de Lippe est tué. 2 bataillons du 29LI viennent en renfort pour dégager la clairière du Sart-Tilman.
0630 heures: le 1Bn 12LI arrive à la rescousse dans la clairière du Sart-Tilman en provenance de Beyne-Heusay. Le Colonel JACQUES, commandant le 12e Régiment de Ligne les accompagne ainsi que le drapeau du Régiment. A la tête d’un peloton du Bn, Jacques charge en tête et combat au corps à corps. Mais il a de nombreuses pertes. Le Colonel Jacques finira Lieutenant-Général et défendra avec acharnement Dixmude (sur l'Yser). Il sera le général le plus aimé de ses soldats et le plus décoré de Belgique.
Il avait des paroles d'amour pour ses soldats:
"Il faut être bon pour le peuple ! Ne brusquez pas les hommes ! On ne fera jamais assez pour les petits soldats."
Quelques mois avant sa mort, le 24 novembre 1928, il répondait à un jeune qui lui rendait visite:
-Si dans la vie on sait créer cette passion, cette ferveur qui transforme un subordonné en un collaborateur fanatiquement dévoué, on est un chef ;
-Mais comment, mon Général, obtenir ce zèle si précieux ?
-Par l’amour...Fais-toi aimer de ceux que tu commandes.
-Et quand m’aimeront-ils ?
-Lorsqu’ils seront convaincus que tu les aimes toi-même. C’est là le suprême secret des grands conducteurs d’hommes.
Quel grand Monsieur !
0900 heures: dans le secteur, l’armée belge a perdu 428 hommes, les Allemands probablement autant, mais les Belges restent maîtres du terrain. Cinq des six brigades assaillantes refluent. Dans ce secteur non plus, les Allemands ne parviennent pas à percer.
La citadelle de Liège est bombardée. Elle n’est occupée que par quelques réservistes. Le commandant de la citadelle, un colonel des gardes civiques, fait hisser le drapeau blanc après deux heures de bombardement. Il sera interné par ses propres soldats, étant devenu fou. Ludendorff et von Emmich en sont avisés et font suspendre le bombardement.
Von Emmich décide d’envoyer un de ses représentants au général Leman. Les parlementaires allemands sont accompagnés jusqu’au fort de Loncin par les autorités civiles de la ville de Liège.
1000 Heures: l’ennemi fait retraite et à 1130 H, le 12Li, sur ordre, doit faire mouvement vers Awans. A gauche du fort, les 73e et 74e Rgt Inf allemands, en rangs serrés, se ruent à l’assaut du fort de Boncelles. Par 3 fois, les lignes sont rompues et reprises. Les obus et les mitrailleuses du fort font des ravages dans les rangs allemands.
Toujours le 6 dans la journée, une colonne allemande, montant la côte de strivay pour une attaque de front, se heurtait au sud de Liège au 4Esc du 2L, tapis dans les blés (les chevaux étant en arrière). Ils ouvrirent le feu de très près et refoulèrent les Allemands. L'escadron eut, dans ce combat inégal, de grosses pertes avec le 1er Officier d'active belge tué, le Commandant Baron Camille de MENTEN de HORNE, commandant l’escadron(Retour sur 6-8).
inspiré du site web: http://www.sambre-marne-yser.be
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