LES COMBATS DE RETINNE ET DE LIERY

Aujourd'hui, les combats débutés à 22 heures le 5 dans le secteur de Retinne se poursuivent durant la nuit du 6.
La 14e brigade allemande attaque le secteur entre Evegnée et Fléron à partir de Soumagne via Micheroux - Retinne - Queue du Bois - Jupille. Cet intervalle est défendu par des éléments des 9e (Colonel Meiser) et 12e de Ligne (Colonel Jacques).
0130 heures: la tête de la 14e brigade quitte Micheroux. Elle contrait à la retraite de petites positions belges et arrivent à Sur-Fossé, non loin de Liéry. Le Commandant Jean Simonis commande la redoute 25 avec la 3e Compagnie du 3e Bataillon du 14e de Ligne et la 3e Compagnie du 3e Bataillon du 34e de Ligne (les rappelés). En grand garde, se trouve la 2e Compagnie du 3e Bataillon du 34e de Ligne. A l’entrée de Retinne, les soldats allemands se croyant attaqués par la population civile, se mitraillent mutuellement.Le Général von WÜSSOW, ayant remis de l'ordre, prend résolument la tête de la colonne et arrive au carrefour de Liéry où sont postées deux pièces de 75 de la 47e batterie belge, tapies dans le noir. Lorsqu’elle n’est plus qu’à une trentaine de mètres, on entend, la voix du lieutenant Damry : «Trois coups. Tir rapide». Simultanément les deux canons ouvrirent le feu, tuant le général von Wüssow et son adjoint le colonel Krüger commandant le 27e régiment.Par hasard, Ludendorff se trouve au sein de la 14e Brigade et en prend aussitôt le commandement.
0230 heures: Simonis ouvre le feu et crée, de nouveau, d'énormes brèches dans les rangs allemands. Ils se sauvent dans le hameau de Surfossé. Les premiers coups de feu sont échangés mais la vague allemande déferle et essaie de s’insinuer à travers les vergers qui bordent la route.
Seul moyen pour les Belges de s’échapper de l’encerclement: se diriger dans la nuit vers le fort d’Evegnée distant de quelques centaines de mètres. Simonis pose la question au Capitaine Jules Bocart et au Lieutenant Houssa (ses commandants de compagnie) qui refusent et veulent résister sur place. 
«Si on nous a mis dans une redoute, ce n’est pas pour en sortir lorsque nous sommes attaqués», s’écrie le vaillant capitaine Bocart.
Problème: ils ont 120 cartouches, c’est beaucoup trop peu. Les piottes aperçoivent des mouvements suspects. C’est un bataillon du 165 RI qui mène une attaque de front. Les Belges ouvrent le feu. A gauche, les 2 pièces du Lieutenant Damry ripostent au feu allemand. Hélas, certains piottes n’ont plus de cartouches. Canons, mitrailleuses et fusils dirigent leurs tirs sur la redoute. Mais une félonie va avoir raison de nos héros.
Un parlementaire avance. Il demande la reddition. Simonis se dirige vers l’officier allemand:
« Donnant-donnant: vous gagnez la position et vous me laissez partir avec mes hommes.»
Des palabres s’engagent mais les Allemands acceptent de cesser le feu durant 15 minutes. 6 minutes après leur départ, des mitrailleuses entrent en action et tuent de nombreux soldats dont Bocart; Simonis voient ses hommes entourés d’Allemands. Ils sont prisonniers. Le village de Queue-du-Bois est défendu par dix compagnies.
0330 heures: Ludendorff prend le commandement de la tête de la colonne et marche sur Queue-du-Bois, soutenu par trois gros projecteurs. 4 obusiers de 105 arrivent sur place et comment à tirer. Les Belges sont acculés à leur défense. Ils vont se battre à la baïonnette. Les canons allemands cessent leur tir croyant la position détruite. Mais les Belges sont toujours là et abattent les assaillants. Une bataille de rues s'engage dans Queue-du-Bois. Les défenseurs refluent vers Bellaire, par crainte d’être encerclés. Seuls quelques groupes des 9e et 12e de ligne tiennent encore tête.
0500 heures: Un obusier commence à tirer sur Liège et n'arrête son tir qu'à 1000 heures. Les obus tombent sur le quartier d'Outremeuse.
0540 heures:toute résistance belge est annihilée dans le village ravagé de Queue-du-Bois. Les Allemands déferlent vers Liège.
0720 heures: Les Belges sont rejetés vers Jupille où une compagnie du 32e de Ligne arrive dans le secteur. Ils essaient de contre-attaquer vers Bellaire.
0800 heures: traqués par une fusillade intense et des tirs d’obusiers, les Belges quittent définitivement Bellaire et regagnent Jupille.
La 14e brigade est la seule à avoir réussi à percer la ligne de défense des forts de Liège.
Bilan de l'attaque de la 14e Brigade: 76 soldats belges tués, 90 tués soldats allemands tués. Malheureusement des civils vont être tués car les Allemands, paniqués et  ivres de rage devant leur défait, vont se défouler sur eux.
272 tués du 5 au 6 août, répartis comme suit: Battice: 37, Herve: 3, Micheroux: 17, Retinne: 28, Melen: 55, Soumagne: 117, Queue-du-Bois: 7, Bellaire: 3 et Jupille: 5.
inspiré du site web: www.sambre-marne-yser.be

© Michel CAILLET - Tous droits réservés